PLAIDOYER
Pour en finir avec l’insécurité et économiser 100 milliards d’euros par an
Le coût de la virilité en France :
un outil performant de lutte contre la violence
La lutte contre les violences est un sujet incontournable des politiques gouvernementales en Europe. La garantie pour tous et toutes de vivre en sécurité est, à juste titre, une priorité.
Or, la première cause de la délinquance et de la criminalité n’est jamais prise en compte.
Les statistiques à ce sujet sont claires et pourtant inexploitées : le premier critère qui définit le profil des auteurs est le sexe, et dans l’immense majorité des cas, le sexe masculin. Dans tous les milieux sociaux, à tous les âges, niveaux d’éducation ou origines, ce sont presque toujours les hommes qui sont à l’origine de l’insécurité.
En France les hommes représentent 96,3% de la population carcérale, 83% des mis en cause par la justice, 90% des condamnés par les tribunaux, 86% des condamnés pour meurtre, 99% des condamnés pour viol, 97% des condamnés pour agression sexuelle et 84% des auteurs présumés d'accidents mortels de la route.
Il y a urgence à traiter ce problème par la racine car les comportements asociaux des hommes représentent un surcoût financier et humain colossal pour les Etats : 95 milliards d’euros par an en France (3,3% du PIB en 2022), 98 milliards d’euros par an en Italie (5,1% du PIB en 2022) et Rethinking Economics Genève l’estime à ce jour à près de 10 milliards par an pour la Suisse (1,3% du PIB en 2022).
Il est possible de mettre un terme à ces dépenses faramineuses et de faire en sorte que l’insécurité ne soit plus un problème. La solution existe.
Les origines de cette surreprésentation des hommes dans la délinquance peuvent être et doivent être déconstruites en agissant sur leur éducation : notamment l'éducation à la virilité.
En effet, les causes sont clairement identifiées par la science : elles ne sont pas le fruit d’une « nature masculine » qui pousserait les hommes à avoir des comportements violents, à prendre des risques ou à ne pas respecter les règles, mais sont bien le résultat de schémas éducatifs incitant les hommes à la domination par la force morale et physique.
Il faut donc modifier la façon dont nous éduquons les garçons en leur transmettant des valeurs plus humanistes à travers la culture, la parentalité, l’apprentissage scolaire, etc. Les politiques publiques doivent répondre à cet enjeux pour avoir un réel impact sur la diminution de la violence dans notre société et par conséquent sur la richesse nationale.
Lucile Peytavin
co-fondatrice de Genre et statistiques, historienne, experte dans la prévention des violences pour le cabinet Psytel et essayiste
et Ginevra Bersani
co-fondatrice de Genre et statistiques, consultante chez Bain & Co, essayiste
Cécile Rossi
chargée de plaidoyer ONU